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"Je veux arrêter !" : Comprendre et accompagner votre enfant face au découragement

08 March, 2025

"Je ne veux plus y aller !" Cette phrase, que tous les parents ont entendue un jour, soulève souvent plus de questions qu'elle n'en résout. Entre le désir de voir son enfant persévérer et la crainte de le forcer inutilement, comment trouver le juste équilibre ? La réponse se trouve souvent dans une compréhension plus fine de ce qui se cache derrière cette envie d'arrêter.

Au-delà des apparences : décoder le message

Le découragement d'un enfant face à son activité n'est pas toujours aussi simple qu'il y paraît. Lorsque notre enfant souhaite mettre un terme à sa pratique, nous nous questionnons toujours comme parent si nous devons écouter son désir ou l'encourager à continuer. Comme le souligne le pédagogue Philippe Meirieu, toute activité, même choisie avec enthousiasme, peut devenir une "triste obligation" si elle est prise dans "la tenaille d'un emploi du temps implacable". Avant même de chercher à comprendre les difficultés spécifiques, il est essentiel de s'interroger sur le rythme global de vie de l'enfant. A-t-il encore le temps de respirer, de jouer librement, de ne rien faire parfois ?

Le désir d'arrêter peut aussi masquer une forme de demande d'aide. Face à une difficulté qui lui semble insurmontable, l'enfant peut préférer tout abandonner plutôt que d'avouer ses craintes ou sa confusion. Notre rôle d'adulte est alors d'accompagner, d'écouter et de comprendre pour l'aider à surmonter ces obstacles.

Des situations qui parlent : reconnaître les différents cas de figure

Le défi des nouveaux apprentissages

L'histoire de Julien, 9 ans, illustre parfaitement un schéma classique. Pratiquant le piano depuis deux ans, il déclare vouloir tout arrêter chaque fois qu'il aborde un nouveau morceau, trouvant l'activité "plate". Pourtant, une fois les premières semaines de difficultés passées, son enthousiasme revient invariablement. Ce n'est pas le piano que Julien n'aime pas, c'est la confrontation avec un nouveau défi, le moment où il doit sortir de sa zone de confort. Comme le souligne Bernard Charlot, pédagogue et chercheur en sciences de l'éducation, l'apprentissage ne repose pas uniquement sur la volonté de l'enfant. Il nécessite une motivation profonde qui naît lorsque l'enfant comprend pourquoi il apprend et ce que cela lui apporte. Pour Julien, c'est en retrouvant le plaisir de jouer des morceaux qu'il maîtrise et en visualisant ce qu'il pourra faire une fois le nouveau morceau appris, qu'il parvient à dépasser son découragement initial.

L'impact de l'environnement

Sarah, 11 ans, présente un cas différent. Passionnée de gymnastique depuis ses débuts, elle multiplie soudain les excuses pour ne pas y aller. Le dialogue entre ses parents et elle révèle que son groupe a changé et qu'elle se sent rejetée. Le problème n'est donc pas l'activité elle-même, mais le contexte social dans lequel elle se déroule. Cette situation nous rappelle l'importance de considérer tous les aspects de l'activité, au-delà de la simple pratique.

La surcharge invisible

Le cas de Lucas, 8 ans, met en lumière un autre aspect crucial. Son découragement face à son cours de karaté du mercredi cache en réalité un emploi du temps trop chargé : non seulement il doit aller à l'école, il est au service de garde jusqu'à 17h30, mais il doit en plus de son entraînement à lui, accompagner ses petits frères à leur pratique de hockey. Ce n'est pas le sport qui pose problème, mais le manque de liberté dans son horaire.

Les multiples visages du découragement

Le découragement peut prendre de nombreuses formes, chacune nécessitant une approche différente. Voici les principales causes et leurs manifestations :

- Une indisposition momentanée : par exemple, un enfant fatigué après une semaine chargée qui ne veut plus aller à son cours de natation du samedi matin

- Une incompréhension des consignes : comme un jeune joueur de soccer qui veut arrêter parce qu'il ne comprend pas les stratégies de jeu expliquées par son entraîneur

- Un blocage conjoncturel : tel qu'un enfant qui souhaite abandonner le violon après avoir échoué plusieurs fois à un passage technique difficile

Ces difficultés peuvent se manifester par :

- Des signes physiques : fatigue, maux de ventre, troubles du sommeil

- Des réactions émotionnelles : irritabilité, anxiété, repli sur soi

- Des changements comportementaux : recherche d'excuses, opposition, désintérêt général

L'art du dialogue : créer un espace d'échange

Le moment et la manière d'aborder le sujet sont cruciaux. Plutôt que de réagir à chaud, privilégiez un moment calme, loin des tensions. La mère de Julien nous montre l'importance de l'observation dans la durée : en identifiant le pattern de découragement lié aux nouveaux morceaux, elle peut maintenant mieux accompagner son fils dans ces phases de transition.

Quelques questions constructives à explorer :

- "Qu'est-ce qui te plaît encore dans cette activité ?"

- "Quel est le moment le plus difficile pour toi ?"

- "Comment pourrions-nous rendre cela plus agréable ?"

Des solutions adaptées à chaque situation

L'exemple de Sarah en gymnastique illustre l'importance d'une approche personnalisée. Ses parents ont travaillé avec l'entraîneur pour faciliter son intégration, organisant également des moments de socialisation hors entraînement, en invitant certaines collègues de leur fille à la maison. Pour Lucas, la solution est venue d'un réaménagement de son emploi du temps, trouvant une solution pour qu'il n'ait plus à accompagner ses frères lors de leurs pratiques.

Face à une difficulté technique, comme dans le cas de Julien, plusieurs stratégies peuvent être mises en place :

- Décomposer l'apprentissage en étapes plus accessibles

- Valoriser les progrès, même minimes

- Rappeler les réussites passées

- Maintenir le lien avec le plaisir initial


Quand le changement devient nécessaire

Réorienter plutôt qu'abandonner

Le cas d'Emma, 12 ans, violoniste passionnée depuis ses 6 ans, nous montre qu'il faut parfois savoir réorienter plutôt qu'insister. Face à une anxiété majeure liée à la pression excessive de son professeur pour les concerts et les concours, le changement d'enseignant, plutôt que l'abandon de l'instrument, s'est révélé être la bonne solution. Ainsi Emma a redécouvert le plaisir de jouer sans pression.

Accepter l'abandon quand c'est nécessaire

Il arrive parfois qu'une activité ne corresponde plus aux besoins ou aux aspirations de l'enfant. Thomas, 10 ans, a pratiqué le hockey pendant trois ans avant d'exprimer son désir d'arrêter. Malgré les encouragements et différentes tentatives d'adaptation, ses parents ont fini par comprendre que ce n'était pas qu'une phase de découragement : leur fils n'aimait tout simplement plus ce sport et souhaitait explorer d'autres activités.

Voici les indices qui peuvent indiquer qu'il est temps de laisser l'enfant arrêter :

- L'enfant exprime un désintérêt constant sur plusieurs mois, au-delà des phases habituelles de découragement

- Les tentatives d'adaptation (changement d'horaire, d'enseignant, de groupe) n'ont pas amélioré la situation

- L'enfant montre un intérêt sincère pour d'autres activités

- Le maintien de l'activité crée des tensions familiales chroniques

- L'enfant peut exprimer clairement pourquoi cette activité ne lui convient plus

Des signes qui doivent alerter plus globalement :

- Anxiété persistante

- Impact sur la santé physique

- Répercussions sur la vie scolaire

- Perte durable de confiance en soi

L'important est d'accompagner cette transition en :

- Valorisant l'expérience acquise

- Aidant l'enfant à tirer des leçons positives de cette expérience

- Restant ouvert à l'exploration de nouvelles activités qui correspondent mieux à ses intérêts actuels


Conclusion : vers un apprentissage épanoui

L'objectif n'est pas de maintenir une activité à tout prix, mais d'accompagner l'enfant dans son développement global. Comme le souligne Meirieu, tout apprentissage comporte des moments de découragement, des "chutes et des rechutes". Ce qui compte, c'est d'aider l'enfant à développer sa persévérance tout en maintenant le plaisir d'apprendre.

La clé réside dans un accompagnement équilibré : ni trop rigide, ni trop laxiste. En restant à l'écoute tout en gardant le cap sur l'essentiel - l'épanouissement de l'enfant - nous pouvons transformer ces moments de doute en opportunités de croissance et d'apprentissage. Car au-delà de l'activité elle-même, c'est bien la construction d'un rapport positif à l'effort et à l'apprentissage qui est en jeu.

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